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Spectacles › Une femme seule
Du 30 Mars au 11 juin 2011
au théâtre du Guichet Montparnasse à Paris,
et à Avignon du 8 au 31 juillet au Magasin-Théâtre,
la compagnie Vents et Marées présente :
"Une Femme seule"
de Dario Fo et Franca Rame
mise en scène de Bernard Pisani
avec Brigitte Lucas et Romain Mascagni
Mais qui est cette femme? D'où vient-elle? Que nous raconte-t'elle? Sa vie, ses désirs, ses fantasmes? L'incohérence de ses propos mêlant agressivité, provocation, tendresse, hystérie porte à croire que nous voisinons ici avec un cas pathologique irréversible! Un cas!!! Certainement cette femme en est un! Sa situation bien sûr est dramatique, violente, désespérée! Mais le drame ici atteint la farce, le burlesque! Sauter par dessus la barrière et atterrir dans l'univers de la plus folle comédie, tel est mon choix!
Et puisque la comédie, souvent, prend sa source dans le lit du drame, j'ai soudain la "méchante envie" de m'amuser avec ce qui effraie!... Ce que l'on redoute: La folie! Car cette femme est folle, c'est évident! Mais Dieu qu'elle est drôle!
Bernard Pisani. mise en scène
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Ce qu'en pense la presse :
Une femme seule
Théâtre du Guichet Montparnasse (Paris ) avril 2011
Comédie de Dario Fo et Franca Rame, mise en scène de Bernard Pisani, avec Brigitte Lucas et Romain Mascagni.
Est-elle vraiment seule, cette femme ? Dans l'appartement où elle fait le ménage, un enfant pleure, son beau-frère lourdement handicapé l'appelle sans cesse, elle reçoit des appels téléphoniques de son mari, mais aussi d'un pervers qui l'importune.
Tout cela, elle l'explique par la fenêtre à sa voisine nouvellement arrivée dans l'immeuble. Elle lui explique aussi que son mari l'enferme, qu'il la frappe, que son beau-frère a la main baladeuse et qu'elle a eu un amant plus jeune qui lui a procuré le plaisir que son mari est incapable de lui donner.
Ses propos s’emmêlent, sont parfois incohérents, agressifs ou hystériques. Le spectateur finit par douter de la véracité de son récit. Raconte-t-elle sa vie ou ses angoisses et ses fantasmes ? Mais ce mélange de ton ironique, de violence, de descriptions sordides, de provocations finit par tourner à la farce, comme dans "Affreux, sales et méchants" d'Ettore Scola.
Dans le texte de Dario Fo et Francesca Rame, "Une femme seule", Marie incarne la femme italienne des années 70 dans le rôle d'une esclave domestique et sexuelle, mais Marie, plus fragile qu'elle ne paraît, plonge doucement dans la folie. Et puisqu'elle est seule en scène, les autres personnages n'existant qu'au travers de bruits, peut-être est-elle entièrement réfugiée dans le délire.
Brigitte Lucas interprète le rôle de Marie avec beaucoup de justesse et une belle présence. Marie parle, se confie, et, au fur à mesure du récit, Brigitte Lucas parvient à en transmettre les émotions fortes et contradictoires. Le texte oscille entre l'absurde et le sordide, Brigitte Lucas, toujours avec subtilité, parvient à trouver l'équilibre entre effroi, colère, tendresse et humour désabusé.
Le rythme imposé par la mise en scène de Bernard Pisani contribue à cette réussite. La parole s'accélère, Brigitte Lucas s'active sur la scène et ses déplacements se font aussi de plus en plus rapides et circulaires à mesure qu'elle révèle les détails de plus en plus intimes de son quotidien et de sa vie amoureuse.
La présence de Romain Mascagni sur scène, dans un rôle de bruiteur, est plus étonnante. Même si son travail d'accompagnement sonore est remarquable et contribue à créer l'atmosphère absurde dans laquelle la pièce finit par baigner, l'espace qu'il occupe avec son matériel sur la petite scène du Théâtre du Guichet Montparnasse semble lui donner plus de présence que nécessaire. La configuration du théâtre fait que ce "rôle" non-écrit détourne parfois l'attention spectateur du texte au profit du son.
Néanmoins, ce texte grinçant, interprété avec subtilité par une actrice débordant d'énergie, entraîne le spectateur dans une spirale vertigineuse où se mêlent dégoût, rire et émotion.
Laurent Coudol - www.froggydelight.com
Une femme burlesquement irrésistible et pathologiquement révoltée |
Mettre en scène du Dario Fo, l'exercice est funambulesque. Chacune des pièces du célèbre auteur italien révèle un style différent mettant en scène des hommes et des femmes d'hier et d'aujourd'hui. Des personnalités qui ont marqué l'actualité locale et internationale, des gens ordinaires qui fourmillent de-ci, de-là dans des petites vies banales, sans artifice. La pièce Une Femme seule a été écrite à quatre mains, celles de Franca Rame, la compagne de Dario Fo et les siennes. Une partition à quatre mains accordée sur le diapason de l'existence de Maria. Une vie entre ciel et terre traversée entre isolement dénuement humain. Philippe Delhumeau |
Une femme (drôlement !) seule au Guichet Montparnasse
Aujourd’hui Dario Fo est partout. Ce dramaturge italien est même entré au répertoire de la Comédie Française (depuis 2010)… C’est tout dire ! Et quand l’éclectique Bernard Pisani quitte Anouilh ou ses chaussons de danse pour la mise en scène d’"Une femme seule" au Guichet Montparnasse, le résultat est détonant… de rire !
L’intrigue se résume vite mais le personnage n’en est pas moins complexe. Cette femme dont nous ne connaissons même pas le prénom nous raconte. Quoi donc ? Sa vie de ménagère, de commère, de femme mariée, de mère et d’amante… enfin, sa vie quoi ! Un récit qui pourrait tourner au fait divers et rejoindre les rangs de S.O.S. Femme Battue si un gros grain de folie ne venait enrayer la machine. Quand le drame devient burlesque et la comédie dramatique, le rire est grinçant et non moins hilarant. D’un côté comme de l’autre, Bernard Pisani a le sens de l’équilibre et a su faire danser ses personnages sur une corde raide.
Brigitte Lucas d’abord, dans le rôle de "la femme". Chapeau fleuri, jupe violette et top rouge (pimpant) : elle est aux couleurs de sa folie… "bille-barrée". Cette jeune comédienne de soixante-trois ans (elle a démarré son apprentissage à Dullin il y a une dizaine d’années) ne manque ni d’excentricité ni de personnalité.
Mais le clou du spectacle est bien dans le choix du bruiteur, Romain Mascagni. Un poil ahuri, à mi-chemin entre Jerry Lewis et Michel Courtemanche, il navigue entre son essoreuse à salade, ses bouts de polystyrène, sa ventouse à gogues et divers objets aussi improbables pour imiter les bruits d’une machine à laver, d’un oiseau ou d’un baiser romantique. Ce virtuose (aux instruments insolites) "mime" avec fracas et drôlerie l’univers déjanté qui habite cette femme. En clair : un joyeux bordel que cette vie-là !
Pour mettre en scène cette enfant terrible (devenue un classique du répertoire italien), Bernard Pisani a eu recours à une fabrication faite de bric et de broc. Du pur jus artisanal. Aux saveurs explosives et pleines de trouvailles !
Une femme seule est un splendide monologue ironique centré sur la vie d'une femme, enfermée à clé tous les matins par son mari qui part au travail, et qui se retrouve donc « seule » (en scène, également), en compagnie d'un petit-fils qui ne fait que dormir, d’un beau-frère handicapé, et d’un personnage mystérieux qui téléphone à plusieurs reprises, en ne faisant que rajouter un nouveau désordre à cette vie déjà assez frénétique.
Cette femme se raconte au public en parlant avec sa nouvelle voisine d’en face, et au fur et à mesure que le temps passe, les vicissitudes "catastrophiques" de la pauvre prisonnière s'enchaînent les unes avec les autres, en créant un délire comique dont la conclusion inattendue remet tout en question…
Ecrite par Dario Fo et Franca Rame dans les années 1970, la pièce nous donne une photographie de vie quotidienne italienne, pas trop datée et pas trop irréelle non plus, bien que caricaturale… La transposition géographique et culturelle nuit certes un peu à l’authenticité de la représentation : la gestuelle et les mimiques de cette femme seule sont assez répétitives et soulignées, ce qui la place à la frontière entre schizophrénie et frustration névrotique. Cette personnalité complexe garde toutefois une cohérence sur scène, une humanité qui parfois se délite entre les gestes quotidiens, la passion et la rage, sans toujours passer loin du cliché. Il s’agit également d’un rôle particulièrement difficile, auquel Brigitte Lucas arrive à rendre une unité vibrante pendant les derniers instants du spectacle, avec une chansonnette, tragique dans la simplicité de ses paroles, chantées et jouées avec un fausset désarmant…
Avec un inédit et intelligent artifice de mise en scène, tous les bruits du spectacle sont réalisés par un jeune bruiteur, assis à son bureau au fond du plateau, qui prête aussi sa voix (ou mieux, ses gémissements) à certains personnages absents de la scène, mais évoqués grâce au son. Le résultat est jubilatoire, tant pour le savoir-faire du bruiteur que pour sa spontanéité dans le jeu, incroyablement juste dans l’interprétation des différents « hommes » qui côtoient notre héroïne.
Du rire et de la réflexion, dont on pourra profiter dans l’ambiance intime et décontractée du Théâtre du Guichet Montparnasse jusqu’au 11 juin, et à Avignon aussi, au mois de juillet, dans le cadre du Festival Off.
Posté dans 11 mai, 2011 dans critique.
Une femme seule, de Dario Fo et Franca Rame, mise en scène de Bernard Pisani.
C’est une femme seule, enfermée chez elle par son jaloux de mari, qui lie conversation avec sa nouvelle voisine, par la fenêtre. Elle raconte son quotidien, ses deux enfants, son obsédé de beau-frère tétraplégique, le pervers qui la harcèle au téléphone, sa profonde solitude, ses rares échappatoires… Ce monologue qui n’en est pas un, s’étale en un flot de paroles qui ne noient jamais le spectateur mais l’entraînent, par sursauts, et dans un rythme de plus en plus effréné, jusqu’à la folie générale.Brigitte Lucas est seule en scène…Enfin, pas tout à fait : son complice, Romain Mascagni, ingénieusement introduit, s’occupe des bruitages divers, à l’aide d’instruments impensables étalés en fouillis sur son établi. Loin d’être simple technicien, il est pris au jeu, faisant vivre un décor et des personnages invisibles. Il comble le vide et rend palpable l’univers dans lequel évolue la comédienne. En parfaite synchronisation, il l’escorte dans la folie tourbillonnante qu’elle installe et contribue à faire défiler sous nos yeux toute la délirante cohérence du texte.
Brigitte Lucas incarne avec brio une femme, à la fois sympathique et farfelue ,qui plonge peu à peu dans une démence destructrice. Les accessoires dépareillés qui l’entourent donnent le ton mais sans qu’elle les utilise vraiment, enfermée qu’elle est dans un monde intérieur que sa parole tente d’extérioriser. L’espace théâtral lui-même est contaminé : la comédienne en vient à tourner le décor pour rendre les choses plus claires au spectateur. Et son complice, grâce à des effets sonores et visuels, rend vivant le tableau qu’elle fait d’elle-même. Le drame intérieur se joue sur ce socle, en accord avec une écriture très satirique, proche de la dénonciation par l’absurde.
On se régale de ce spectacle haut en couleurs et bien rythmé, fondé sur une complicité décidément contagieuse.
Élise Blanc
Spectacles sélection
UNE FEMME SEULE
Article publié dans la Lettre n° 326
du 2 mai 2011
UNE FEMME SEULE de Dario Fo et Franca Rame. Mise en scène Bernard Pisani avec Brigitte Lucas et Romain Mascagni.
Qui est cette femme ? Un cas ? Peut-être, car même si chacune est unique, elle représente, à elle seule, tous les malheurs des femmes. Elle est universelle, une parmi tant d’autres, femme au foyer enfermée à double tour par un époux irascible, mère de deux enfants, de surcroît affligée d’un beau-frère paralysé dont elle doit s’occuper. Une voisine vient d’emménager ? C’est l’aubaine, l’occasion de discuter un peu. Alors elle se raconte : sa vie, ses espoirs, ses désirs, ses fantasmes…
Dario Fo et Franca Rame nous brossent ici un portrait dramatique de femme, coincée dans un univers dont la solitude est l’unique horizon, où la violence et le désespoir rivalisent de tristesse et d’angoisse.
Bernard Pisani a pris le parti de gommer le drame pour n’en retenir que le côté burlesque. Il installe sur scène « sa femme » qui s’agite, parle, hurle, rit, pleure, tout en accomplissant les tâches quotidiennes, au rythme d’une musique omniprésente, car seul le bruit lui tient compagnie. L’idée de placer à ses côtés un bruiteur qui suit le moindre de ses gestes pour en restituer les sons à l’aide d’une foule d’accessoires hétéroclites est une sacrée trouvaille. Romain Mascagni, Paganini du bruitage, possède des ressources insoupçonnées pour tirer le son idoine de n’importe quel ustensile, tous à portée de main, de pied, de bouche, glissant de temps à autre un mot opportun au milieu de tout ce charivari.
Brigitte Lucas offre sa formidable présence à cette épouse, mère et amante ahurissante qui souffre et se démène et qui, un jour, craque, s’enfuit de chez elle pour aller retrouver un tout jeune homme dont elle pourrait être la mère et qui se meurt d’amour pour elle.
Une courte pièce du grand Dario Fo dont la mise en scène et l’interprétation originales, inattendues et drôles sont à saluer. Théâtre du Guichet Montparnasse 14e.
« Une Femme seule » de Dario Fo et Franca Rame, mise en scène de Bernard Pisani, avec Brigitte Lucas et Romain Mascagni.
Du 30 mars au 11 juin 2011, du mercredi au samedi à 19H00 au Théâtre Guichet Montparnasse, 15 rue du Maine 75014 Paris
Tarif : 18€, 13€ tarif réduit (etudiants, chômeurs, seniors et groupe à partir de 10 personnes).